Montpellier a connu une histoire particulière, parfois calme, parfois très mouvementée. Née au milieu du Moyen Âge, elle fut durant ses premiers siècles d’existence le modèle même de la réussite à la médiévale. Le premier document qui la mentionne est un acte de donation de terre accordé par le comte de Melgueil à un chevalier du nom de Guilhem en échange de services rendus. Cet acte est daté du 26 novembre 985, jour que l’on considère comme étant celui de fondation de la ville.
Développement & prosperité de Montpellier au Moyen-âge
Dès ses origines, Montpellier est une ville marchande et de pèlerinage grâce au commerce maritime et au « Cami Roumieu » qui est un des chemins menant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Sous l’égide des Guilhem, la ville se développe en offrant aux marchands itinérants des conditions d’implantation avantageuses. Jusqu’en 1482, Montpellier est la seule enclave maritime Française sur la Méditerranée. Comme la ville n’était pas côtière, on transférait les marchandises sur des bateaux à fond plat pour les rapatrier au cœur de la cité par le fleuve du Lez. Mais en 1482, le comté de Provence est rattaché au royaume de France par Louis XI et Marseille devient le port principal de la Méditerranée.
Sur les plans intellectuel et artistique, la capitale actuelle de l’Hérault occupe vite une place de premier ordre. Dès le XIIe siècle des écoles de droit et de médecine sont attestées. La renommée de la faculté de médecine de Montpellier, la deuxième plus ancienne d’Europe, n’est plus à faire grâce à l’accueil multiculturel de la ville.
La cité passe ensuite dans les mains des rois d’Aragon puis de Majorque, elle connut son apogée de 1204 à 1349. L’épanouissement politique fut accompagné d’un grand développement commercial, économique, et démographique : Montpellier vit sa population quadrupler au cours du XIIIe siècle, pour atteindre une population généralement estimée à 40 000 habitants. Elle devint ainsi la ville la plus peuplée du royaume après Paris. Au XIIIe siècle, on trouvait à Montpellier un grand nombre de produits régionaux (herbes aromatiques, sauge, réglisse, miel, fruits, légumes, vins …). La ville était reconnue pour son savoir-faire dans les produits culinaires composés d’épices.
Fin du Moyen-âge : le temps des fléaux
Les XIVe et XVe siècles sont des siècles d’épreuves. Dans la première moitié du siècle, Montpellier commence à connaître des difficultés sur le plan agricole à cause de problèmes climatiques fréquents. En 1348, des bateaux Génois en provenance du port de Caffa accostent sur l’île de Frioul à Marseille et répandent la peste noire dans le sud de la France puis dans l’ensemble de l’Europe. L’épidémie est la plus meurtrière que l’Europe ait jamais connue : au moins 40 millions de victimes, soit le tiers des Européens. La guerre de Cent Ans apparaît alors comme un problème secondaire, d’autant plus que Montpellier reste assez éloignée des affrontements franco-anglais. Cependant elle eut à souffrir des nombreux passages de routiers qui ravageaient la campagne et les faubourgs en période de paix. C’est lors de cette période trouble que Montpellier rejoint la couronne de France. Philippe VI prend possession de la ville le 19 mai 1349. Cette date marque la fin de la quasi-autonomie politique de la cité.
À la fin de la guerre, une fois les épidémies passées, la ville retrouve une certaine activité commerciale grâce à l’implantation de Jacques Cœur qui choisit Montpellier en 1432 comme centre de ses activités commerciales en Méditerranée. Malgré ses efforts, la ville ne retrouve pas sa prospérité des XIIIe et XIVe siècles.
Centre religieux et intellectuel de premier ordre, Montpellier fut frappée de plein fouet par les troubles des guerres de religion qui commencèrent en 1562. La ville fut pendant une cinquantaine d’années une place forte du protestantisme en France, ce qui lui valut plusieurs sièges et la destruction des édifices religieux à l’exception de la cathédrale et de la chapelle sainte. C’est en 1622 que Louis XIII qui n’a plus de contrôle sur la ville protestante, décide de reprendre le pouvoir en attaquant la cité. Le siège durera 50 jours. Il décide ensuite de construite une citadelle (l’actuel Lycée Joffre) pour contrôler Montpellier. Les archers étaient alors disposés vers la ville. C’est l’époque où vont se construire les premiers hôtels particuliers afin de loger les officiers royaux et leur famille. La ville va progressivement être aménagée avec l’idée d’asseoir le pouvoir royal sur cette ville rebelle.
Grand siècle & renouveau
Au XVIIIème et XIXème siècle, Montpellier va connaître une grande richesse avec le commerce viticole grâce à de nouveaux axes de commerces développés par les voies de chemin de fer. La noblesse fière de son nouveau statut, fait construire de nombreux et élégants hôtels particuliers (Il en existe encore 80 aujourd’hui). La ville prospère à nouveau et s’embellit. Cela se traduit par une vraie métamorphose urbaine : la ville prend des airs Parisiens d’après le style Haussmanien. Des monuments emblématiques sont construits. On aménage la place de la Comédie, l’Arc de triomphe, et l’Esplanade du Peyrou en l’honneur de Louis XIV. Pour alimenter la ville et ses jardins, un aqueduc dénommé « Les Arceaux » est réalisé en 1765 par Henri Pitot de Launay, il aboutit au château d’eau qui domine l’esplanade du Peyrou.
Le coût des expropriations pour les percées des grandes avenues et la crise du Phylloxéra (puceron ravageur de vignes) mettent un terme à cette grande politique d’urbanisation.
Montpellier devient la capitale de l’Hérault
Dans les années 1960 à 1980, la ville connaît une forte croissance avec l’arrivée de nombreux immigrés en provenance de tout le pourtour méditerranéen. Depuis, Montpellier connaît l’une des plus fortes croissances démographiques du pays. Et ceci serait en parti dû à la vision et aux actions d’un homme dans les années 1980-90: Georges Frêche. Considéré comme le bâtisseur de Montpellier, il a été maire de la ville pendant 27 ans de 1977 à 2004. C’est lui qui a entamé les « grands travaux » : construction du quartier Antigone signé par l’architecte Ricardo Bofill, création du Corum (palais des congrès), du centre commercial Odysseum, de l’Arena, développement du tramway, création de structures d’accompagnement des entreprises (Cap Alpha, Gamma et Delta) … Plus de 600 hectares ont été construits en une trentaine d’années. C’est aussi Georges Frêche qui a donné le surnom de « Surdouée » à la ville de Montpellier. Dans les années 80 il lance une grande politique culturelle, urbanistique et une campagne de communication afin de hisser la ville au rang de capitale de région. Cette appellation a été reprise par les médias et perdure encore aujourd’hui.
La ville d’aujourd’hui
Ville tertiaire sans grande industrie, Montpellier doit se réinventer pour loger ses nouveaux arrivants et leur donner un travail. Le secteur tertiaire se développe, les starts-ups sont chouchoutées, l’économie durable est privilégiée, les transports se réinventent. Les nouveaux quartiers développés au sud et à l’est de la vielle ville se rendent attractifs avec des créations d’architectes renommés (Jean Nouvel, Zaha Hadid, Sou Fujimoto…), des quartiers neufs et branchés sortent encore de terre comme à Port-Marianne.
Territoire jeune et innovant, Montpellier part sans cesse à la conquête de nouveaux défis. Engagée avec la région Occitanie, la ville de Sète et les communautés de communes environnantes, Montpellier se porte candidate pour être la capitale européenne de la culture en 2028.