L’Abbaye de Valmagne est l’un des sites incontournables de la région. Située aux portes de Montpellier à Villeveryac, c’est l’une des plus belles abbayes Cisterciennes de France qui abrite l’un des plus anciens vignobles du Languedoc. Fondée en 1139, elle est aujourd’hui classée Monument Historique et réputée pour sa jolie architecture et son vin. Inspiration Occitane vous propose d’en faire le tour du propriétaire.
Une abbaye devenue chai qui abrite des foudres de chênes provenant de Russie … Ce n’est pas courant !
Celle que l’on surnomme la “Cathédrale des vignes” est au cœur d’un vignoble millénaire, l’un des plus anciens de la région. Elle s’est convertie à l’agriculture biologique en 1999 et produit des vins bio de grande qualité. Reconnus parmi les meilleurs vins du Languedoc, les vins de Valmagne sont vendus en France chez les cavistes, les restaurateurs et exportés à travers le monde. Depuis 9 générations, les descendants du Comte de Turenne prennent soin des lieux et accueillent les visiteurs pour partager leur passion et leurs convictions.
L’Histoire de l’abbaye : prospérité, abandon et nouvelle destinée
C’est en 1139 que Raymond Trencavel, Vicomte de Béziers, fonda l’Abbaye de Valmagne sur la commune de Villeveyrac, près de Mèze et de l’étang de Thau dans le Languedoc Roussillon.
Les premiers moines viennent de l’abbaye Notre-Dame d’Ardorel située à Mazamet dans le Tarn. Dépendante de l’abbaye de Cadouin, Valmagne suit d’abord la règle bénédictine. Le fort développement de l’ordre cistercien amène cependant Valmagne à demander en 1144, son détachement d’Ardorel et de Cadouin afin d’être rattachée à Bonnevaux dans le Gard. L’abbaye respectera alors les règles morales et architecturales de l’affiliation cistercienne. La construction de l’église et du cloître fût donc réalisée en style roman selon le principe du plan cistercien.
Du XIIe au XIVe siècle, Sainte-Marie de Valmagne est l’une des abbayes les plus riches du sud de la France. Elle compte alors près de 300 moines et est bénéficiaire d’abondantes donations. L’Abbaye possède de nombreuses granges en zone rurale, une série de moulins, des maisons urbaines … C’est durant cette période fastueuse (dès 1257) que l’on procède à la construction de la nouvelle église gothique. La première église romane étant devenue trop petite pour accueillir la communauté qui ne cessait de croître.
Après une période d’expansion et de richesses, l’Abbaye fut confrontée à la peste noire, la Guerre de Cent ans et aux Guerres de Religions. L’épidémie de peste noire dévaste la région et toute l’Europe en 1348 : de nombreux moines meurent, d’autres fuient. De même, le passage des grandes compagnies militaires et autres mercenaires endommage l’abbaye. Peu à peu, les abbés, ne parviennent plus à faire face aux dépenses et certaines dépendances sont vendues. Lors des guerres de Religion, l’abbaye est presque abandonnée. En 1575, l’abbé commendataire de Valmagne, Vincent Concomblet de Saint Séverin, passe dans le camp des Réformés et revient avec une armée de paysans faire le siège de sa propre abbaye. Lors de cette attaque, les moines sont assassinés et les lieux saccagés. Valmagne restera déserte durant une quarantaine d’années et devient un repaire de brigands.
Les moines reviennent à Valmagne au début du XVIIe siècle. Ils font revivre l’abbaye en commençant par des travaux de restauration. À partir de 1680, un nouvel abbé commendataire, le cardinal Pierre de Bonzi, archevêque de Toulouse, de Narbonne et président des États du Languedoc, cherche à la transformer en palais épiscopal et à lui rendre sa splendeur passée. Dans les dernières années du XVIIIe siècle, peu avant la Révolution, l’abbaye est endettée et la communauté des moines est très réduite. Lors de la Révolution française, elle est à nouveau saccagée. Des paysans révoltés brûlent mobilier, tableaux et archives. En 1790, les trois derniers moines quittent Valmagne et se réfugient à Barcelone en emportant le peu d’objets de valeur restant. L’abbaye devient alors un bien national. Elle est vendue en 1791 à M. Granier-Joyeuse qui transforme l’église en chai. À sa mort, Valmagne est à nouveau remise en vente puis rachetée par le Comte de Turenne en 1838. Depuis l’abbaye de Valmagne est transmise de génération en génération à la famille de Gaudart d’Allaines, actuels descendants du Comte de Turenne. Classée Monument Historique en 1947, elle est ouverte aux visites depuis 1975.
Visiter l’abbaye de Valmagne : entre histoire & savoir-faire
Lors de votre visite de l’abbaye, vous pouvez commencer par déambuler dans le jardin médiéval à droite dès l’entrée du domaine. Après avoir acheté vos billets en boutique, vous passez rapidement par la salle de dégustation et ressortez dehors pour contempler la face ouest de l’église abbatiale. L’église possède des dimensions dignes d’une grande cathédrale, 83 mètres de long pour 24,5 mètres de haut. L’architecture intérieure est sobre, les clefs de voutes datent du 13ème siècle, les croisées d’ogives sont ornées d’éléments végétaux qui restent assez discrets.
Vous pourrez observer les fameux foudres en chêne de Russie installés dans les bas-côtés de la nef. Réalisés en 1820, ces foudres monumentaux sont l’idée du premier propriétaire, Monsieur Granier qui souhaitait transformer l’église en chai. C’est d’ailleurs grâce à cette utilisation de l’église qu’elle a échappée à la destruction. Réalisés sur place, les foudres ont servi jusqu’en 1996 pour le stockage des vins de l’abbaye. Aujourd’hui, le chai viticole plus moderne est situé à 200 mètres de l’église abbatiale.
Une fois l’intérieur de l’église visitée, vous entrez « dans les couloirs » du cloître. Le cloître, d’une grande dimension est fermé de chaque côté par 5 grandes arches. Vous y trouverez des salles emblématiques comme la salle capitulaire du XIIème siècle ou le réfectoire. Au centre se trouve la fontaine alimentée par la source de Diane ornée par quatre têtes de griffons. Elle est entourée par plusieurs arcs et colonnes. Le tout est ouvert pour laisser la végétation s’installer et apporter de l’ombre pendant les beaux jours. C’est l’endroit le plus bucolique et romantique de l’abbaye. On a envie de s’assoir et de se détendre en se laissant porter par le bruit de l’eau. Tout autour de la fontaine, il y a un joli jardin avec notamment des roses de Cîteaux, des bambous noirs … Cet espace me fait penser à l’Italie et plus particulièrement à Florence.
La visite terminée, vous ressortez par la salle de dégustation. Mais la parenthèse enchantée n’est pas terminée, vous pouvez la prolonger en goutant leur magnifique variété de vin. Chaque cuvée porte le nom d’une personne de la famille propriétaire du domaine. Vous pourrez continuer de vous immerger dans l’histoire de l’abbaye tout en testant leur savoir-faire ancestral qui s’est transmis de génération en génération. Certaines bouteilles ne sont pas données, les prix peuvent monter à une trentaine d’euros, mais nous avons trouvé notre bonheur en la bouteille de vin rouge « Cardinal de Bonzi ». Les vins sont vraiment délicieux avec des saveurs variées. Les amateurs de vins repartiront sans aucun doute avec une bouteille sous le bras !
Pour les gourmands dont cette visite a ouvert l’appétit, vous pouvez vous laisser tenter sur place par « l’auberge de Frère Nonenque » qui offre des plats savoureux cuisinés à partir du jardin, des produits locaux et de saison. Vous m’en direz des nouvelles !
Et si vous visitez Valmagne en famille, pourquoi ne pas tenter le Grand Jeu de Piste ? Une nouvelle façon de visiter qui vous plongera dans une histoire fantastique à la recherche du trésor et des secrets de l’abbaye.
Je vous souhaite une excellente visite !
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