Week-end à Gruissan : entre terre & mer

Nous commençons notre week-end printanier par déambuler dans les ruelles de Gruissan. La ville de Gruissan est située à l’est du département de l’Aude, à 15 minutes de Narbonne. Comme le veut la tradition Languedocienne, le village est en circulade, c’est-à-dire qu’il est bâti en cercle autour d’une église ou d’un château. A Gruissan, le village s’étend entre l’étang de Gruissan et du Grazel, autour d’un gros bloc de calcaire sur lequel se trouvent les ruines d’un ancien château et la tour Barberousse.

La première mention du château apparaît en 1084 dans un acte signé par le seigneur de Gruissan et l’archevêque de Narbonne. Le château fut un lieu de protection durant le Moyen-âge (XIème et XIIème siècle). C’était un haut lieu de défense du port de Narbonne contre les invasions de pirates Sarrasins. Pendant le Moyen-âge et la Renaissance, le château fut plusieurs fois renforcé par les archevêques de Narbonne. Il devient une forteresse convoitée et connaît même des luttes sanglantes pendant la célébre croisade des Albigeois au XIIIème siècle puis au XVIème siècle pendant les guerres de religion. Le château et le village en ressortent dévastés. Il est abandonné au XVIIème siècle sur les ordres de Richelieu et sert alors de carrière de pierres. Les ruines subsistantes ont été classées Monument historique en 1948. Depuis elles ont été consolidées pour les rendre visitables. Le château est aujourd’hui un incontournable de Gruissan et l’emblème de la ville. La vue est à tomber, on profite d’une vue à 360° sur le village, les étangs, les marais salants, la côte… A faire absolument !

Nous jetons ensuite un coup d’œil à l’Église Notre-Dame-de-l’Assomption de Gruissan probablement réalisée au XIIIème ou XIVème siècle. Nous continuons de déambuler dans les charmantes ruelles jusqu’au port et aux Halles aux Poissons.

Après un rafraîchissement nous reprenons ensuite la voiture en direction de la fameuse plage des chalets. Elle se trouve à l’extrémité du canal reliant les étangs à la mer. C’est une grande étendue de sable de près de 2km sur 150 mètres de large qui nous attend à l’arrivée. Il y a de la place et une ambiance conviviale.

Derrière la plage s’étend plusieurs quartiers de chalets. Il y a très exactement 1330 chalets sur pilotis répartis sur 11 rangées. Certains sont colorés avec des couleurs pâles, d’autres sont couleur bois et d’autres tout blanc. A l’origine les chalets étaient occupés par des pêcheurs lorsqu’ils pêchaient plusieurs jours de suite. Après l’année 1850 on voit l’apparition des premiers «bains publics» ou la naissance du tourisme balnéaire. Les citadins viennent en foule se rafraîchir dans les eaux de Gruissan. Petit à petit on installe sur la plage des «baraques» en bois et plusieurs établissements fragiles qui sonnent le début de la station balnéaire. Mais tout est emporté par les eaux. Après la guerre 1914-1918, les chalets sont construits sur des pilotis assez hauts pour éviter les nouveaux assauts de la mer. Mais ils sont de nouveaux détruits, par les Allemands cette fois pendant la deuxième guerre mondiale. La reconstruction des chalets redémarre en 1948. En 1960 la plage des chalets est fréquentée par du beau monde, parmi eux Charles Trénet, Toni Rossi, Louis Mariano… Une bonne publicité !

Le plus grand coup de projecteur pour cette plage, c’est le tournage du film «37°2 le matin» réalisé par Jean-Jacques Beineix en 1986. C’est une histoire d’amour passionnelle entre un employé de gardiennage dans un village de bungalows en bord de mer avec une jeune femme impulsive et pulpeuse.

Le soir nous retrouvons de la famille et dînons dans le restaurant Breizh d’Oc. C’est le seul qui nous ait acceptés sans réservation. Personnellement j’ai apprécié le canard en brochette et mon tiramisu. Un restaurant abordable avec un bon rapport qualité/prix et un accueil sympathique !

Nous sommes arrivés tard à notre Airbnb dans lequel on pouvait entrer en autonomie. On avait réservé un studio dans une superbe maison de ville à Bages. La maison fait 3 niveaux et la vue sur l’étang de Bages est à tomber. Pour la petite histoire, on était tellement ébahi par la maison que l’on a commencé à s’installer dans la mauvaise chambre. On a supposé que nous devions dormir dans la chambre d’amis mais le lit n’était pas fait, c’était étrange. Et puis on a découvert une autre porte qui nous permettait d’accéder à l’étage supérieur. C’est là que nous attendait notre studio, tout beau tout propre avec une très belle vue sur l’étang d’un côté et une deuxième terrasse donnant sur le village de l’autre. Très belle surprise !

Le lendemain matin j’ai pris 32 000 photos de l’étang et des hirondelles qui se prélassaient sur les fils électriques près de nos fenêtres. Après un petit-déjeuner ensoleillé sur la terrasse, on était repartis. On a commencé la journée par flâner dans les jolies ruelles médiévales de Bages. Un village vraiment beau et authentique, loin de l’agitation touristique. A Bages on pêche encore de manière artisanale, principalement des loups, daurades, soles et surtout des anguilles. En repartant pour notre balade de l’après-midi on s’est arrêtés plusieurs fois pour observer et photographier les nombreux oiseaux qui chassaient sur les étangs (surtout des échasses blanches et aigrettes garzettes).

C’est une petite pépite que je vous partage ici, un village calme, charmant & authentique qui sort des sentiers battus. J’espère que vous saurez l’apprécier à sa juste valeur, et surtout respecter son environnement et ses habitants 🙂

On termine cette journée bien remplie par la visite de Narbonne. On s’est garés sur un parking aérien près de la cathédrale puis nous avons entrepris de faire le tour de la cathédrale pour l’admirer. Elle est magnifique, il n y a qu’à voir les images à la télé, les photos sur internet … mais sur place on ne s’en rend pas compte car elle est complétement entourée par d’autres bâtiments. La meilleure solution est de prendre de la hauteur. Rdv donc en haut du donjon du palais des archevêques pour avoir la plus belle des vues !

Malheureusement on est arrivés trop tard et nous n’avons pas pu visiter ni la cathédrale, ni le palais des archevêques. On a une revanche à prendre ! J’y retournerai prochainement et vous rédigerez un article détaillé sur Narbonne. Comme c’était l’heure de l’apéro, on a été siroter un verre en terrasse puis on a longé le canal de la Robine jusqu’aux halles.

Les halles de Narbonne sont super belles. D’ailleurs vous-êtes au courant ? Elles viennent d’être sacrées «Plus beau marché de France». C’est la première fois que des Halles arrivent en tête de la compétition. Narbonne avaient déjà participé plusieurs fois au concours et était arrivé deuxième en 2021. En 2022, la forte mobilisation des commerçants et des habitants a valu à Narbonne la première place ! Une grande campagne de communication s’étalait dans la ville et même au-delà avec le slogan «Cette fois c’est la bonne, cette fois c’est Narbonne». Félicitations aux commerçants, habitants et à la ville de Narbonne pour ce magnifique rassemblement autour de leur marché !

On a fini la journée par dîner sur la place de l’Hôtel de ville, mais ce n’était pas terrible alors je ne vous conseillerai pas ce restaurant.

En rentrant sur Bages, on a garé notre voiture près de l’étang en bas du village et on a assisté à un sublime coucher de soleil. Un bien rouge comme on les aime ! Avec le bal survolté des hirondelles qui pourchassaient les moustiques, une soirée qui battait son plein non loin de là, il y avait dans l’air une ambiance particulière. Comme une soirée d’été dont on se souviendra.

Pour notre dernier jour, nous décidons d’aller nous imprégner du rose des marais salants de Gruissan. Il faut se rendre sur l’île Saint-Martin qui sépare le village des étangs de l’Ayrolle et de Campignol.La boutique du salin permet d’acheter des produits locaux à base de sel, il y a même un bar à sel dans lequel vous pouvez choisir entre 24 variétés de gros sels aromatisés.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers le rose. Saviez-vous que la coloration de l’eau est liée à la prolifération de micro-organismes du type algues microscopiques, appelées « dunaliella salina » ? Elles ont la particularité de proliférer dans les milieux salés et pour survivre, elles développent du bêta-carotène, un pigment aux vertus antioxydantes qui donne à l’eau une teinte rosée. C’est aussi ces micro-organismes qui sont responsables de la couleur des flamants-roses !

A Gruissan, les salins sont visibles devant le restaurant. Malheureusement il n’est pas possible d’aller trop loin. On prend quelques photos de la célèbre barque multicolore, on fait 2-3 pas et voilà, on a fait le tour. Pour voir le reste il faut réserver une visite guidée d’environ 1H15, deux types de visites sont réalisables : à pieds ou à trottinette électrique.

Honnêtement, on ne s’était pas renseigné avant et on avait pas tout compris. On a vu des gens partir des salins et tenir le portillon ouvert. On s’y est engouffré et on a pris quelques jolies photos. Au bout d’un moment on s’est demandé pourquoi on était seuls et on a rebroussé chemin. Plus tard, j’ai vu que la visite des salins s’effectue uniquement en étant accompagné. On y retournera donc en réservant une visite guidée afin d’en apprendre davantage sur la culture du sel et l’environnement des marais.

C’est ici que notre week-end Audois s’achève. Ville authentique entre terre et mer, Gruissan mérite qu’on s’y attarde. J’espère vous avoir donné envie de découvrir cette belle destination 🙂