La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi

La cathédrale d’Albi fut érigée sur un piton rocheux qui domine le Tarn. Près de deux siècles de travail auront été nécessaires pour la réaliser, de 1282 à 1480.

En réalité, la cathédrale Sainte-Cécile actuelle fût précédée de plusieurs autres édifices. Une première cathédrale datée du IVème siècle, une deuxième signalée vers 920. La première fut détruite par un incendie, de la deuxième il ne resterait que quelques arches de l’ancien cloître. C’est entre 1245 et 1260 que ce monument fût profondément modifié, il perdurera un moment à côté de la nouvelle cathédrale sous le nom « d’église vielle » avant que les ruines soient aplanies au XVIème siècle pour aménager une esplanade destinée à recevoir de l’artillerie durant les guerres de religion.

Le 15 août 1282, Bernard de Castanet, l’évêque de la ville d’Albi lance la construction de la nouvelle cathédrale en réponse à « l’hérésie cathare ». L’objectif est de renforcer le rôle de la foi catholique face à la montée d’une religion que le Roi de France considère comme barbare. En ce mois d’août 1282, la première brique rose fût posée. La décision de bâtir un monument en brique rompt avec l’architecture de l’ancienne cathédrale qui était en pierre. A cette époque, bon nombre d’édifices étaient de style gothique pour plaire au Roi. Mais Bernard de Castanet était surtout fidèle au pape Boniface VIII et cherchait à faire d’Albi un foyer indépendant du royaume qui plairait tant aux catholiques qu’aux cathares. Le choix s’est donc porté sur le style architectural gothique méridional, plus sobre et adapté à l’esprit de pauvreté et de dépouillement prôné par les cathares. L’architecture de la cathédrale Sainte-Cécile s’organise à partir d’un élément structural qui gouverne tous les autres : la nef unique. Cela exclut les arcs-boutants qui ont pour but de soutenir la voûte du vaisseau central et doivent enjamber les bas-côtés. Il en résulte ici encore cet esprit de dépouillement qui contraste avec les cathédrales du Nord.

Paradoxalement, durant la période cathare l’évêché d’Albi n’a jamais été aussi riche, mais pour respecter la religion cathare, l’argent n’est plus reversée directement à l’évêque mais sert plutôt à construire et rénover les bâtiments de la cité épiscopale.

Sainte-Cécile est construite en briques foraines, une brique de terre cuite prisée à l’époque par les Romains. Facile à fabriquer sur place, elle demande moins de savoir-faire que la pierre pour les maçons et permet un chantier plus rapide.

Elle deviendra donc la cathédrale en briques la plus grande du monde, on estime d’ailleurs qu’il a fallu environ 25 millions de briques pour la réaliser. Longue de 113 mètres et large de 35 mètres, elle domine la ville avec son clocher de 78 mètres terminé en 1492. La hauteur des murs est de 40 mètres et leur épaisseur à la base est de 2 mètres 50.

De style gothique flamboyant, le chœur des chanoines de la cathédrale d’Albi constitue presque une église à part entière au sein de l’édifice. Il se compose d’une nef unique avec une porte occidentale qui s’ouvre au centre du jubé monumental et se prolonge à l’est par une abside. La dentelle de pierre blanche qui entoure le chœur (le jubé) fait office de séparation entre le chœur des chanoines et le reste de la cathédrale. Aucun document ne permet de dater son édification mais la présence de plusieurs blasons des Amboise situerait la réalisation du chœur sous Louis I ou son neveu successeur soit entre 1474 et 1517. Rénové récemment grâce au World Monuments Found, le chœur des chanoines se visite en déboursant 6 €, ce qui comprend aussi la visite des salles du trésor. Ces salles sont actuellement en travaux et réouvriront fin 2022. Le reste de la cathédrale se visite gratuitement.

La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi dispose également du plus grand ensemble français de fresques de la Renaissance qui se lit comme une Bible illustrée. Avec environ 18 500 m² de fresque, elle est aussi la seule cathédrale d’Europe aux murs et voûtes entièrement peints.

La vaste surface du mur occidental aveugle est utilisée pour représenter le Jugement dernier, une représentation de la fin des temps que l’on doit probablement à des artistes flamands. La fresque fait 270m2, ce qui en fait la plus grande fresque de la France méridionale. Sa teinte bleu profond ou « bleu de France » ainsi que l’’enduit léger qui n’efface pas le relief des briques, confèrent un aspect particulier à la peinture. Sa datation est située dans les premières années de l’épiscopat de Louis I, entre 1474 et 1480. Plus tard, de 1509 à 1512, des peintres italiens recouvrent la voûte de la cathédrale avec des fresques composant le plus vaste ensemble de peintures Renaissance réalisé en France.

Enfin, l’orgue Moucherel de la cathédrale Sainte-Cécile est un chef d’œuvre architectural et musical. Réalisé entre 1734 et 1736 par le facteur d’orgue Chistophe Moucherel, c’est le plus grand orgue classique de France. Il comprend un buffet en bois de chêne richement sculpté constitué de 9 tourelles et 8 plateformes qui occupent presque toute la largeur de la nef. Un pédalier à la française, 5 claviers actionnant 56 jeux et 3578 tuyaux, le son promet d’être divin !

Vous l’aurez compris, la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi est unique en son genre. Son aspect austère de forteresse peut nous laisser un peu sceptique mais sa couleur de briques réchauffe les cœurs et rend très bien en photo. A l’intérieur l’effet WHAOU est garanti, on est surpris par cette immensité et les couleurs intenses des fresques, sans parler des dentelles du chœur. D’ailleurs savez-vous qu’elle vient d’être élue (juin 2022) la cathédrale la plus belle de France ? C’est vraiment une pépite à voir absolument !

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