Escapade d’automne dans les gorges du Tarn

Il y a bien longtemps la rivière du Tarn s’est creusée un passage entre le Causse Méjean et le Causse de Sauveterre en bordure du Parc naturel régional des Grands Causses. Juste à côte, sa petite sœur sauvage, la Jonte venue du Mont Aigoual s’est frayée elle aussi un chemin en s’enfonçant parfois sous terre pour mieux ressurgir.

C’est ainsi qu’un canyon vertigineux s’est formé sur le département de la Lozère principalement mais aussi sur le département de l’Aveyron. Ce vaste territoire de 20 000 hectares, réparti sur 19 communes bénéficie de plusieurs niveaux de protection grâce à son classement dans les Grands sites de France et d’Occitanie. Caractérisé par ses rochers ruiniformes sculptés par le temps, sa végétation méditerranéenne, ses falaises et ses rivières, les Gorges du Tarn et de la Jonte nous offrent une nature spectaculaire et authentique. Ce site emblématique est réputé pour ses hautes falaises, c’est d’ailleurs un spot d’escalade de renommée internationale.

Du côté de la faune et de la flore, le territoire est surtout célèbre pour ces vautours. En randonnée sur les Causses, il vous sera très facile de les apercevoir. Alors qu’ils avaient complétement disparus des Cévennes et des Causses, les vautours ont étés réintroduits dès les années 1980 autour du ravin de Cassagnes. Après plusieurs essais, ce fût un succès ! Aujourd’hui près de 800 vautours fauves, 80 couples de vautours moines et de nombreux Gypaètes barbus peuplent les falaises.

La Maison des vautours située à Saint-Pierre-des-Tripiers propose de mieux connaître ces oiseaux majestueux. Un musée leur est dédié pour mieux comprendre leur physionomie, leur comportement, leur histoire. Une terrasse panoramique épousant la roche permet de les admirer dans leur environnement naturel !

Dans les Gorges du Tarn, vous croiserez aussi peut-être la reine des orchidées : le sabot de Vénus.

Dans ces Gorges encaissées s’égrènent de petits villages et hameaux de part et d’autre de la rivière. Parmi les incontournables : Sainte-Enimie, La Malène, La Canourgue, Ispagnac, Meyrueis …

En vadrouille sur le territoire pendant 2 jours seulement, nous avons pris le temps de découvrir quelques pépites étalées sur une vingtaine de kilomètres à partir de La Malène.

LA MALÈNE

En arrivant à La Malène, joli village d’environ 200 habitants, le ton est tout de suite donné. En cette saison où les feuilles rougissent et l’humidité se fait plus forte, l’ambiance est définitivement automnale. Nous nous précipitons vers nos manteaux d’hiver posés dans la voiture « au cas où ». Face au beau château aux allures de manoir se dresse une imposante falaise qui absorbe tout le soleil : le Causse Méjean. A ses pieds la rivière s’écoule tranquillement et un héron veille sur son déjeuner.

Nous commençons justement notre escapade par déjeuner. Le seul restaurant ouvert, voir le seul commerce ouvert tout court en cette période, est justement le restaurant du Château. Nous nous installons près du poêle à bois qui nous réchauffe généreusement et profitons d’un bon repas de saison. (Je vous détaillerai tout ça dans la partie « Hébergement & saveurs locales).

Nous passons ensuite une demi-heure à parcourir le village : ses petites rues, sa mairie, son église, ses commerces endormis …

Le Manoir de Montesquiou  est une imposante demeure qui date du XVème siècle. Il s’agissait de la propriété de la noble famille de Montesquiou. C’est le seul des nombreux châteaux du Tarn, non seulement encore habité, mais aussi transmis de génération en génération sans avoir été vendu (jusqu’en 1957). Le château a survécu aux guerres de religion grâce à la « clémence du Roi Louis XIII » qui a autorisé Pierre de Montesquiou d’Artagnan à garder intact son domaine alors que toutes les autres forteresses étaient rasées en 1652. Malheureusement il fût incendié en 1793 pendant la Révolution et n’a conservé des anciens bâtiments que les tours et les voutes. Le manoir a été reconverti en hôtel au XXème siècle.

En contrebas du manoir se trouve l’embarcadère des bateliers et notamment un exemple de barque utilisée au 19^ème siècle. Les bateliers de La Malène est une société coopérative qui date de 1952. Sa création fait suite à une longue tradition, les bateliers des Gorges du Tarn acheminaient déjà les touristes de villages en villages dès la fin du XIXème siècle. Depuis ils permettent à tous de découvrir les paysages du canyon. Entre détroits, causses, hameaux et points de vues, la balade vaut le détour.

➡️ Point de vue incontournable à La Malène :

Le Roc des Hourtous sur le causse Méjean (accessible à pieds ou en voiture) surplombe les gorges de plus de 500 mètres et offre une vue dégagée sur la partie la plus étroite ! En face, le Point Sublime, un autre panorama à découvrir.

De par sa position centrale, La Malène est un point de départ idéal pour une balade en barque, en canoé, à pieds ou pour un roadtrip.

SAINT-CHÉLY-DU-TARN

Nous suivons la rivière vers l’est et nous arrêtons une dizaine de kilomètres plus loin. Ce paisible hameau se situe sur la commune de Sainte-Enimie. Moins d’une dizaine de personnes vivent ici à l’année.

Nous remarquons de suite la belle vue depuis le pont. La rivière revête ses plus belles couleurs tandis que 2 petites cascades surgissent d’entre les maisons disposées en surplomb de la rivière. Un peu plus loin, son église romane isolée a été construite au XIIème siècle. Elle donne une ambiance unique au village. Si vous vous baladez entre les maisons, vous finirez vous aussi par arriver devant la Chapelle Cénaret, camouflée à l’entrée d’une grotte. De là en faisant quelques pas vers le Tarn, vous découvrirez un superbe paysage !

➡️ Point de vue incontournable à Saint-Chély-du-Tarn :

Le Saltadou : une vue privilégiée sur le cirque en contrebas. Ouvert à l’année gratuitement, c’est aussi une buvette et un snack en été. Attention si vous souhaitez y aller en voiture depuis le hameau de Saint-Chély, il faut faire un détour assez important en passant par Sainte-Enimie.

SAINTE-ENIMIE

C’est sans doute le village le plus connu des gorges du Tarn ! Cette cité médiévale est classée parmi « les plus beaux villages de France ». C’est aussi un ancien chemin de pèlerinage (chemin de Saint Guilhem). Entre les maisons à colombages, les rues étroites en pavées et les jolies places, nous avons l’impression de marcher dans les pas des anciens habitants.

L’office de tourisme et la mairie proposent un plan de balade pour déambuler à travers le patrimoine. La promenade dure environ 1h30 et permet d’avoir une vue d’ensemble. Le départ se fait sur la place de l’église Paroissiale Notre-Dame du Gourd et se poursuit vers les remparts et plusieurs places emblématiques avant de se terminer vers la source de Burle et son eau turquoise, un incontournable légendaire.

>>  Je vous mets le lien du plan de la balade Patrimoine ici

💦 Justement, connaissez-vous la légende de Sainte-Enimie ?

Au VIème siècle, la belle Princesse Enimie est la fille du Roi des Francs Clotaire II et la sœur du Roi Dagobert (Vous aussi vous pensez tout de suite que c’est lui qui a mis sa culotte à l’envers ? 😂). La beauté de la jeune femme Mérovingienne attire les convoitises des hommes nobles du Royaume. Enimie cependant refuse de se marier aux prétendants imposés par son père. Elle souhaite consacrer sa vie à Dieu. Elle implore le Seigneur de lui venir en aide. Peu de temps après, elle contracte la Lèpre, une maladie qui la défigure et la fait souffrir. Elle reçoit de Dieu l’ordre d’aller s’établir sur le territoire du Gévaudan afin d’y trouver un remède. Après plusieurs essais infructueux ailleurs, elle se baigne dans la magnifique eau de la source de Burle et guérie. A chaque fois qu’elle souhaite repartir chez elle, la lèpre revient. Elle décide donc de s’installer définitivement près de la source. Elle mène une vie solitaire et accomplit de nombreux prodiges. Elle est nommée abbesse par l’Evêque Ilère et fonde un couvent. Elle passe la fin de sa vie retirée dans une grotte (aujourd’hui l’Ermitage) et meurt dans la prière et le recueillement. Autour de son tombeau, s’éleva le bourg de Sainte-Enimie. Un pèlerinage a lieu chaque année à l’Ermitage, pour célébrer la patronne du village (les 1ers dimanches d’octobre).

Le Festival de BD

La légende de Sainte-Enimie a été adaptée en BD et le village organise chaque année début juillet un rendez-vous incontournable. Le festival « Bulles de Burle » réunit depuis 16 ans des auteurs reconnus et indépendants. Des dédicaces et des ateliers sont organisés sur plusieurs jours.

➡️ Une belle balade à faire à Sainte-Enimie

Depuis le pont, une marche de 45 minutes vous conduira à l’Ermitage et à l’entrée de la grotte où la princesse Sainte-Enimie a fini sa vie. Elle ne se visite plus, tout comme le monastère semi troglodytique, mais vous pourrez regarder à l’intérieur via une grille. Si vous continuez jusqu’au promontoire, vous découvrirez une vue exceptionnelle sur le village en contrebas.

CASTELBOUC

Pour finir les présentations, le petit village de Castelbouc est idéal. Il se découvre à pieds et est accessible via la route de Prades. Il y a d’ailleurs un très beau point de vue sur le village depuis la route. En voiture, nous avons traversé le camping « Le site de Castelbouc », puis franchi le pont submersible pour garer la voiture un peu plus loin. De là une promenade à pieds nous a conduit au cœur du petit hameau paisible. Comme nous, vous remarquerez sans doute le château en ruines qui domine le village.

En automne, avec la brume, la fumée de quelques cheminées, les feuilles orange, l’ambiance est si sereine. Après avoir été abandonné pendant plusieurs décennies, Castelbouc revient à la vie grâce aux nouveaux habitants et à l’essor du tourisme. Pendant notre balade nous nous sommes fait accompagner par un habitant à quatre pattes qui nous a montré tous les recoins du village 😃

Si vous cherchez une idée de randonnée, un sentier longeant la rivière part de Sainte-Enimie pour rejoindre Castelbouc en 2h30 environ.

Nous avons passé une nuit au Manoir de Montesquiou au cœur de La Malène. Cet hôtel-restaurant de charme était le seul encore ouvert dans le coin, il a d’ailleurs fermé ses portes pour la saison juste après notre départ (fermeture annuelle après le 11 novembre).

J’ai été ravie de pouvoir dormir dans cette bâtisse historique. L’hôtel propose une dizaine de chambres dont 2 suites et un appartement. La vue et l’environnement sont mémorables. La chambre était grande et confortable, avec son style ancien, j’avais l’impression de remonter le temps.

Le lendemain matin nous avons dégustés des viennoiseries, du pain frais, de la confiture, des œufs brouillés, du bacon ect… Il y en avait pour tous les goûts et on pouvait même demander ce qu’on voulait au cuisinier. Un petit déjeuner copieux et savoureux, idéal pour prendre de l’énergie avant d’aller crapahuter.

Le restaurant du Manoir

Comme notre hôtel faisait restaurant, nous y avons déjeuné le premier jour. La carte nous a tout de suite convaincue : il y avait de l’aligot saucisse ! L’un des meilleurs aligots que j’ai mangé, et la sauce était un régal. Le dessert, un fondant au chocolat était fort en goût et hyper coulant, magnifique aussi !

En plus d’une grande salle intérieure très douillette, le restaurant dispose de plusieurs grandes terrasses avec vue sur le Tarn. Vous l’aurez compris, je recommande à 100% aussi bien l’hôtel que l’excellente cuisine du restaurant. D’ailleurs l’hôtel est un trois étoiles, ce n’est pas un hôtel de luxe comme on pourrait le penser. Ses prix sont tout à fait corrects.

Le restaurant le Petit Paris

La samedi soir, nous avons trouvé plusieurs restaurants ouverts à Sainte Enimie. C’est sur le Petit Paris que notre choix s’est porté. C’est à la fois un restaurant et le café du coin. Les habitués jouaient au babyfoot et discutaient joyeusement lorsque nous sommes passés devant. Le lieu était plein de vie. De quoi nous interpeller et nous donner envie de rentrer car les rues du village étaient bien calmes.

Nous avons aimé cet effervescence tout comme la super cuisine du couple de propriétaires et leur grande gentillesse ! D’ailleurs à côté de nous, un autre couple était ravi de sa découverte et de cette ambiance sans chichi. Pour ne rien gâcher, je me suis liée d’amitié avec le chien des gérants qui est resté à côté de moi tout le repas 🐶

Parlons cuisine, au menu :

• En plat : Magret de canard avec gratin dauphinois, légumes et salade (vraiment super bon !)
• En dessert : Mousse au chocolat et chantilly (superbe, il y avait la dose de chantilly)

Nous avons tellement apprécié cet endroit que nous y sommes retournés le lendemain pour le gouter.

Je conseille vivement ce restaurant pour sa cuisine savoureuse à la bonne franquette et à petits prix. De la convivialité à toute heure !